![]() " J'ai dormi longtemps… Trop longtemps. Après son coup de téléphone mon hôte a accepté et s'est lancé dans sa création. Mon voyage m'a exténuée et je m'assoupis souvent… Je me réveille parfois et je vois, je sens, j'entends ce que Jean-Jacques et ses amis construisent… " " Aujourd'hui, il fait froid et humide… Je les entends parler… Chiffre, quantités et mesures… Il fait trop froid ; je me rendors… " " Il me semble que c'est tôt, une aube blafarde… Ou un crépuscule glacial… Ils sont là, scient, coupent, clouent, vissent, parlent et rigolent… C'est le chantier… " " Je m'éveille. Ils disent que c'est l'hiver. Il vente. L'humidité me glace les os, si j'en avais… Aujourd'hui, je remarque de nouvelles têtes et des drôles d'outils, des plaques d'alu, des briques, des planches… C'est l'hiver et je me rendors. Vive l'hibernation ! " Quel courage ! Ils mouillent et fouillent du plâtre sans relâche, par cette température ! Pour une fois, Jean-Jacques a sorti ses croquis lors de mes rares instants de réveil ! Superbes ! Magnifiques ! Ils parlent d'un bateau. Les autres disent qu'il est fou ; moi, je le trouve normal ! " " Ce soir, j'ai eu un cauchemar. Je ne sais pas vraiment si je dormais ou si je rêvais tout éveillée ! ! ! Il y avait de la lumière, pas celle du jour. Jean-Jacques et ses amis parlaient, parlaient, parlaient… Yvan donnait des chiffres, d'autres répondaient autorisations et licences ; d'autres encore émettaient des grognements d'approbation ; un seul a sifflé entre ses dents quand Yvan a dit qu'il voulait tout le matériel gratuit ! Il y a eu un grand silence et Jean-Jacques a ri dans sa tête. Je n'ai pas tout saisi ! ! ! " Aujourd'hui, ils entassent de la terre devant la porte et il y a un type qui a passé les mains dans les poches. Il compte ses pas en regardant le plafond ! On voit de tout ici ! La terre devant la porte est devenue une ruine et une vieille cuisine s'aménage. " " Ce matin, il fait presque chaud. Je m'endors moins souvent et j'ai observé Jean-Jacques quand il travaille. Il est concentré et ne regarde que ses mains ; il est entrain de façonner un adorable petit masque. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, il résonna jusqu'au tréfonds de mon petit être… Je n'arrive pas à en détacher mes pensées… Ce soir l'homme qui regardait le plafond est revenu avec une sorte de géant dégingandé et avec un gros outil bruyant et rouge, ils percent partout dans le plafond. Allons, il est tard. Bonsoir tout le monde ! " " Je crois que le sommeil m'a emprisonné plus longtemps que de coutume. J'ouvre les yeux et… oh ! … Il y a un temple, des arbres, une colline, un semblant de ruisseau, des bouts de câbles qui pendent, un squelette de bateau, et… Quoi ? ! ! ! Ils ont cassé le mur extérieur et sont entrain de transporter un vieux tracteur dedans.. Ils sont… euh… incroyables ! ! ! Oh ! Jean-Jacques, en assemblant quelques colonnes et linteaux moulés, nous a donné un temple magnifique dont les proportions étonnent et séduisent à la fois. Et,,, O mon masque, l'artiste t'a placé au meilleur et plus bel endroit. Je te choisis et lie ma destinée à la tienne, masque de farfadet, deviens mon refuge, tiens-moi en haleine ! Stoppe mes sommeils intempestifs et prête-moi tes yeux… Farfadet ou gnome ou, peut-être quelque dieu oublié, ouvre-moi les yeux… Tu me devines ardente et je ne te démentirai pas… Tu sauras tout ; je te raconterai tout ce que mes antennes pourront capter… Alors, éloigne de moi ce sommeil traître… Titille ma conscience et laisse les mots couler… Ruisseau de poésie dans un océan plein de fureur !… |